di Giorgio Agamben

Il Pensatore, di Auguste Rodin (1840- 1917)
Deux termes infâmes sont apparus dans les polémiques liées à la crise sanitaire : « négationniste » et « complotisme », dont la seule raison d’être était selon toute évidence de discréditer ceux qui, face à la peur qui avait paralysé les esprits, s’obstinaient encore à penser.
Sur le premier, il est inutile de s’étendre trop longuement, du moment qu’en mettant sur le même plan de manière irresponsable l’extermination des Juifs et l’épidémie, celui qui l’emploie montre sa participation consciente ou inconsciente à un antisémitisme toujours présent dans notre culture, aussi bien à droite qu’à gauche. Comme le suggèrent des amis juifs justement offensés, il serait opportun que la communauté juive se prononce sur cet indigne abus terminologique.
En revanche, cela vaut la peine de s’arrêter sur le second terme, qui témoigne d’une ignorance de l’histoire vraiment surprenante. Quiconque s’intéresse aux recherches des historiens sait bien que les faits qu’ils reconstituent et racontent sont nécessairement le résultat de plans et d‘actions très souvent conçus par des individus, des groupes et des factions qui poursuivent leur but par tous les moyens.
Entre mille autres exemples possibles, en voici trois, dont chacun marque la fin d’une époque et le début d’une nouvelle période de l’histoire.