Pensée à Belgrade (2017)

di Gianluca Virgilio

Belgrade compte près de deux millions d’habitants, comme dans toutes les grandes villes on y mène une vie non naturelle. Il n’y a jamais eu de villes de cette dimension dans l’antiquité, alors qu’aujourd’hui une grande part de la population est urbanisée et vit dans des lieux surpeuplés, si bien que tout compte fait on peut juger petite une ville comme celle-ci au regard de métropoles comme Le Caire, Mexico, New-York, etc. De nos jours, tant que tout va bien, c’est-à-dire tant que l’économie tient, c’est sans problème, la paix sociale est assurée et chacun suit sa route. Mais que se passerait-il si un jour quelque chose allait de travers, si l’économie s’effondrait et si les grandes villes manquaient de l’énorme quantité d’eau, de nourriture, de ressources énergétiques, etc. qui aujourd’hui les maintiennent en vie et les font prospérer ?

***

Promenade d’après-midi à Zemun, un quartier un peu éloigné du centre, que nous avons rejoint en taxi, franchissant le pont sur la Save. Nous marchons dans la ville embouteillée, puis dans le parc et enfin sur le bord du Danube, dans la partie où ses eaux ne se sont pas encore mêlées à celles de la Save. Ce coucher de soleil marque la fin de notre séjour à Belgrade. Le jeune chauffeur de taxi qui nous ramène conduit très vite dans les rues où le trafic est dense – nous avons à peine le temps de nous imprégner de la vision nocturne du paysage urbain plein de lumières scintillantes – mais sa conduite est sûre, en bon chauffeur il respecte toutes les règles, il s’arrête aux feux rouges, donne la priorité aux piétons sur les passages marqués par les bandes blanches, quitte à freiner brutalement pour éviter de heurter une dame qui lui coupe soudain la route. Pourquoi m’en étonner ? Le fait est que je porte en moi la tristesse du dernier attentat de Barcelone, où une camionnette fut l’instrument d’un carnage parmi les touristes de la Rambla. Dans ces fourmilières humaines que sont les villes, qu’est-ce qu’un homme pour un autre homme ? Rien, un rien que l’on peut traiter comme un rien. Seule l’existence d’une loi interdisant de tuer fait que l’homme est quelque chose pour l’homme. Ainsi le jeune chauffeur belgradois, en freinant brusquement devant les bandes blanches du passage piéton pour laisser passer une dame, me rappelle l’importance de cette loi et aussi la gravité de son non-respect.

[Traduzione di Annie Gamet]

Questa voce è stata pubblicata in Traduzioni di Annie Gamet e contrassegnata con . Contrassegna il permalink.

Lascia un commento

Il tuo indirizzo email non sarà pubblicato. I campi obbligatori sono contrassegnati *