Zibaldone salentino (extrait 17)

di Gianluca Virgilio

Une femme de 54 ans. À Sogliano Cavour, une femme de 54 ans a ingéré de l’acide, elle est morte. Si l’un de mes collègue ne me l’avait pas raconté, je ne l’aurais pas su, et le monde, à mes yeux, aurait été différent de ce qu’il est aujourd’hui. Je revois la kyrielle de hangars industriels et de petites entreprise, halls d’exposition de voitures, supermarchés, fabriques de céramiques, etc. qui composent le paysage de Sogliano Cavour à Cutrofiano. Il circule une grande richesse dans cette partie du Salento, mais une femme a ingéré de l’acide, et moi je ne comprends pas l’utilité de cette grande richesse, même pour celui qui la possède.

Sécurité. Nos villes militarisées au nom de la sécurité. Les soldats patrouillent dans les rues, ainsi grâce à eux notre vie s’écoule tranquillement, ou plutôt les jeunes s’amusent et s’éclatent sans fin,  chacun peut aller s’étourdir au concert d’un chanteur célèbre, dans la cohue du stade au spectacle d’un match de foot. Qu’est-il donc arrivé à l’Occident (et pas seulement) où nous vivons ? Ce qui autrefois s’appelait le peuple s’est réduit à une masse domestiquée, que le pouvoir arrive à tenir en respect dans des limites bien précises. Quand je parle de pouvoir, je veux dire le vrai pouvoir, comme celui qu’exercent les gardiens de troupeaux  sur leurs brebis, ou mieux le 1 % de la population mondiale sur les 99 % restants.

Panem et circenses. J’ai expliqué à mes élèves de seconde le sens de l’expression latine panem et circenses « du pain et des jeux » (Juvénal, satire X, v. 81). Puis dans une rapide envolée, j’ai comparé les pratiques du pouvoir romain en matière de surveillance de la plèbe, à celles du pouvoir actuel qui, mutatis mutandis, ne se distingue guère de celui de l’Antiquité. J’ai ajouté que soixante millions d’Italiens auraient bien du mal à vivre ensemble fraternellement, sans un système disciplinaire propre à encadrer toutes ces personnes. Ce serait le chaos ! Les programmes de la télévision, les manifestations sportives, les événements de masse, les institutions publiques y compris l’école, ont pour fonction de discipliner la masse informe des hommes. Tandis que le discours historique glissait sur cette pente digressive, il m’apparut que le niveau d’attention dans la classe s’était notablement élevé, tous les élèves me regardaient, silencieux, les yeux écarquillés, comme en se révélant à eux-mêmes une grande vérité qui les éclairait aussi sur un aspect de leur vie personnelle.

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