Zibaldone salentino (extrait 2)

di Gianluca Virgilio

Menhir. Sur la nationale 275 en direction de Leuca, entre Nociglia et Montesano, on peut voir une fabrique des plus singulières, une fabrique de menhirs. Il y en a des dizaines, hauts d’environ trois mètres, adossés au mur d’enceinte et exposés aux intempéries qui les noircissent de mousses et de champignons, contribuant avec le temps à la formation d’une patine hors d’âge censée caractériser un menhir. J’ai pensé au recueil de poésie d’Antonio Prete intitulé Menhir et à la distance qui sépare un monde d’un autre. Pour Prete, le menhir est un objet mystérieux qui semble porter en lui le souvenir des choses lointaines du passé, il nous parle de l’antique aspiration de l’homme à atteindre l’infini des espaces sidéraux vers lesquels il s’élève ; la fabrique de menhirs, elle, répond à la demande de quelque riche désireux d’anoblir sa vie et sa lignée, en posant dans le parc de sa luxueuse villa un menhir en tous points semblable à ceux que l’on trouve dans les campagnes du Bas-Salento et que, ces derniers temps, les employés à la culture cherchent à valoriser à des fins touristiques. Je ne finirai jamais de m’étonner qu’un même objet puisse donner lieu à un usage et à des sentiments aussi différents.

Grève de la faim. J’ai repensé à la grève de la faim à laquelle prirent part quelques-uns de mes camarades d’université,  en 1982 je crois, à Urbino. Ils avaient occupé une salle du restaurant universitaire et, allongés dans des sacs de couchage, la mine de plus en plus défaite, ils attendaient jour et nuit que la grève fît son effet sur le pouvoir local. Je ne me souviens pas quelle était la revendication, ni si mes compagnons obtinrent quelque chose, moi je n’y pris pas part et désapprouvai profondément ce type de lutte, qui me semblait présupposer une confiance excessive dans le pouvoir ; lequel au bout de deux jours se manifesta de cette façon : la police intervint, elle procéda à l’évacuation de la salle, et nous partîmes tous manger.

Questions démographiques. En 1963, l’année de ma naissance, la terre était peuplée d’environ trois milliards d’individus, alors qu’aujourd’hui, cinquante-sept ans plus tard, on s’approche des huit milliards. Sur www.worldometers.info on peut savoir en temps réel le nombre de vivants et de morts à la surface de la terre, les morts et les naissances quotidiennes, et bien plus encore. Il naît toujours plus de personnes qu’il n’en meurt. Y a-t-il eu une quelconque amélioration dans les conditions de vie de l’humanité ? L’Autre monde est toujours là, meurtri, affamé, encore asservi, tandis que ce Monde-ci continue à s’engraisser, à gaspiller les ressources, ignorant la présence de cet Autre monde même parmi nous, comme autrefois.

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