Le franglais, incoercible ?

di Annie Gamet

En liberté surveillée entre confinement et couvre-feu, sans contact avec la culture vivante au théâtre, au cinéma, dans les musées, aujourd’hui jugés non essentiels, privé de rencontres amicales au bar ou au restaurant, presque aussi à la maison (le virus est partout!), on laisse parfois la radio allumée passivement, juste pour la compagnie du bruit de fond. Et il arrive qu’une émission retienne l’attention. C’est souvent le cas de « Concordance des temps » diffusée le samedi à 10h sur France-culture, mais ce le fut tout particulièrement le 30 janvier dernier. Jean-Noël Jeannenet y recevait le linguiste Bernard Cerquiglini, dans un échange sur le « chagrin » face à l’afflux de mots anglais dans notre langue, présenté sous le titre « Le franglais, incoercible ? ».

« Entendre au réveil ce vendredi 22 janvier que les viewers peuvent regarder les gamers en live et même en replay… waouh… en terme de timing, il est à peine 7h30 du matin et j’ai déjà les oreilles qui saignent ! ». Reprenant la plainte moqueuse d’un auditeur de France culture auprès de la médiatrice, Bernard Cerquiglini observe que l’histoire de la langue nous enseigne que le « chagrin » est très ancien, et qu’il a simplement changé de sujet. À la Renaissance, c’est l’italien qui envahit le français. En témoigne Henri Estienne (1528-1598), savant helléniste qui dans son ouvrage La conformité du langage français avec le grec (1565) reproche aux courtisans leur soumission à la mode italienne jusque dans le vocabulaire militaire, au risque de laisser croire aux générations futures que la France a appris l’art de la guerre à l’école de l’Italie. Avec l’ajout du pamphlet Deux Dialogues du nouveau langage françois italianizé (1578), il participe au projet politique d’Henri III de secouer le joug des Médicis à la cour de France. C’est dans le même esprit qu’est fondée l’Académie du Palais, qui remplace l’académie de poésie et musique créée par Jean-Antoine de Baïf. Oui, la langue est bel et bien un instrument de pouvoir.

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