Zibaldone salentino (extrait 12)

di Gianluca Virgilio

La puissance de l’herbe, contre laquelle le paysan lutte depuis toujours. Elle a commencé à peupler la terre bien avant nous, elle poussera sur les tombes des hommes quand ils auront tous disparu. Un bout de terre de dix mètres carrés à la campagne, où j’ai brûlé après l’élagage un tas de bois qui a dégagé une température très élevée. Il faut moins de quinze jours pour qu’après la pluie, entre les cendres de ce mouchoir de terre, réapparaisse l’herbe dont le feu n’avait pas réussi à détruire les racines profondes.

Étrange décompte du temps. Dans Voyages avec ma tante de Graham Greene, un personnage nommé O’Toole fait un étrange décompte : “Je ne l’ai jamais dit à personne, dit-il. Cela pourra sembler étrange à la majorité des gens, j’imagine. La vérité est que je compte mentalement les secondes que je passe à uriner, ensuite je les note, regroupées par heure. Se rend-on compte que chaque année nous passons une journée entière à pisser ?”. Puis le personnage exhibe ses notes pour démontrer sa thèse. Nous aussi bien sûr nous trouvons la chose étrange, mais pensons-y un instant :  qu’est-ce qu’un tel décompte sinon une réflexion sur le corps de chacun, sur ses fonctions et leur rapport au temps ? Ce petit récit peut apporter une réponse à une question simple : de quoi notre temps est-il fait aussi ?

Avant de partir. Le temps de l’attente, quand on a bouclé les bagages avec un peu d’avance et qu’on n’a plus rien à faire dans ce lieu qu’on est en train de quitter pour entreprendre un voyage ; temps non-utile, suspendu, incapable d’accueillir la pensée, puisque, comme la personne, la pensée est là sans être là, elle vit projetée dans la dimension du voyage programmé mais pas encore commencé, qui pourrait être empêché à la dernière minute, par un motif quelconque. Alors il faut rendre utile le temps non-utile, le rythmer et ne pas le laisser suspendu, le remplir d’actes du quotidien, bien qu’en la circonstance ils ne soient que des prétextes. Il faut faire quelque chose, n’importe quoi, pour empêcher la pensée de divaguer en la ramenant à la réalité des préparatifs de départ.

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